Racines Culturelles (TD)
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Re: Racines Culturelles (TD)
I. HOMERE, L'ILIADE
Introduction :
Œuvre célébrissime et à l'origine d'une multitude de reprises, c'est l'un des piliers de la culture greco-latine. Poème épique attribué à Homère, il est divisé en 24 chants (chapitres), sans doute postérieurs à l'écriture du poème. On pense qu'il a été composé aux alentours de -800/-750. On ne sait rien d'Homère, probablement sur l'île de Kyos durant la deuxième moitié du 9e siècle avant JC. La tradition grecque le décrit comme vagabond et l'on ne sait s'il est l'auteur des nombreuses œuvres phares de l'antiquité greco-latine.
La question homérique : querelles concernant la véritable identité d'Homère. Tout ce qu est raconté sur Homère est postérieur à sa vie et, pour la plupart, probablement fantaisiste. Il apparaît comme un vieil homme aveugle et vagabond, portrait sûrement mythologique car il est en cela comparé aux prêtres aveugles guidés par les divinités antiques
→ figure mythique aux contours mal cernés
Iliade (Ιλίας , Ιλιάδα) : poèmes de Troie. Se réfère à Ilion et la guerre de Troie, sans pour autant raconter l'origine de la guerre, ni encore moins l'issu du siège et son déroulement.
L'Iliade se concentre sur un épisode, choisi par le poète car emblématique pour la fin de Troie. Cet épisode est visible dès les premiers vers, qui commencent sur une voix poétique s'adressant à la muse, figure d'inspiration. Ce poème va se resserrer sur la colère d'Achille pdt la guerre, plus exactement la guerre se perpétue depuis 9 ans entre les grecs (ici appelés achéens) et les troyens. Agamemnon affronte Achille, altercation qui va faire se retirer Achille, empli de colère et va refuser de se battre. Suite à ce retrait d'Achille s'ensuivront les défaites. Patrocle renversera le cours de la bataille avant de mourir sous les coups d'Hector. Achille accepte de reprendre les armes pour venger Patrocle et massacre Hector avant de mutiler son corps lors d'un duel, et là s'apaise sa colère en voyant Priam réclamer le corps meurtri de son fils.
• continuité entre l'Iliade et l'Odyssée puisque se rapportent toutes les deux à la guerre de Troie :
- Iliade : épisode de la Guerre de Troie isolé
- Odyssée : retour d'Ulysse à Ithaque
→ Le décor de l'Iliade est limité au camp grec près de Troie. A l'inverse, celui de l'Odyssée est vaste puisqu'il relate du voyage à travers la Méditerranée.
→ Achille est entouré d'autres figures : Hector, Agamemnon, Priam. Il est assez inactif et les grecs sont les vrais héros de l'histoire. Dans l'Odyssée, c'est Ulysse qui domine.
→ Tonalité héroïque, martiale, militaire dans l'Iliade. Dans l'Odyssée, c'est plutôt mélancolique, élégiaque, car Ulysse veut seulement rentrer chez lui ; il apparaît dans l'Iliade, parmi d'autres, comme l'un des chefs grecs. Achille fait également une brève apparition dans l'Odyssée.
╚► Deux épopées qui tirent de la guerre de Troie de manière différente. L'Iliade pendant et l'Odyssée après. La structure de l'Iliade est similaire à celle de l'Odyssée ; même Aristote s'amuse à comparer ces deux œuvres et y trouve des parallélismes.
1) Les héros principaux
L'Iliade se déroule de façon chronologique, l'Odyssée repose sur des flashback. Dans l'Iliade, qui est beaucoup plus linéaire, lorsqu'Achille se retire, d'autres personnages prennent le relais, car Achille est assez inactif. On retrouve deux ensembles de personnages :
CAMP GREC :
Achille : fils de Pélée et de la nymphe Thétis ; roi des Myrmidons, peuple de valeureux guerriers.
Patrocle : grand ami d'Achille.
Agamemnon : chef de toute la délégation grecque, roi de Mycènes.
Ménélas : frère d'Agamemnon, roi de Sparte, mari d'Hélène.
Ulysse : roi d'Ithaque.
Nestor : roi de Pylos (Péloponnèse)
Ajax : roi de Salamine (île proche d'Athènes)
Diomède : roi d'Argos
Idoménée : roi de Crète
Calchas : devin, prophète.
CAMP TROYEN :
Priam : roi de Troie, marié à Hécube.
Hector : fils de Priam et Hécube, prince de Troie.
Pâris : frère d'Hector et séducteur d'Hélène.
Cassandre : sœur d'Hector et Pâris, prophétesse.
Andromaque : femme d'Hector.
Astyamax : fils d'Hector et Andromaque.
Hénée : fils d'Anchise, combattant.
Sarpédon : roi des Lyciens, combattant.
→ Parallèles : Hector et Achille sont les deux héros en arme. Priam et Agamemnon sont les deux chefs des deux partis ; ils doivent faire face au manque de solidarité de leurs combattants. Ménélas et Pâris se battent tous deux pour Hélène. Des figures de devins sont également présents dans chaque camp : Cassandre et Calchas.
→ Différence de composition des personnages : on trouve une composante dynastique très importante chez les troyens, qui ont aussi la seule femme. Le côté martial va aux grecs, et ce assez paradoxalement puisqu'on finit par avoir pitié des troyens.
Les divinités vont influer sur chaque action : les grecs sont soutenus par Athéna, Héra, Héphaïstos, Poséidon ; les troyens par Apollon, Aphrodite, Artémis, Arès.
2) L'évolution narrative de l'Iliade (cf résumé des chants – polycopié 1) :
Assez discutée, il est probable que ce soit le fruit d'un rapiéçage de passage parfois très antérieurs : on considère que les chants 2 à 7 (combat et duel Ménélas/Pâris) sont les plus anciens. Il est considéré que le chant 1 fait office de prologue, les chants 2 à 7 constitueraient la montée ; la deuxième unité se compose des chants 8 à 18, puis la troisième unité des champs 18 à 24.
• CHANTS 2 à 7 : premier développement de la situation initiale, première vague de combats. Agamemnon va mépriser le retrait d'Achille et repart à l'assaut des troyens. La situation reste indécise, aucune des deux armées ne parvient à avancer. Duel de Ménélas et Pâris, interrompu par Aphrodite dont Pâris a gagné les faveurs et qui l'emporte loin du combat, car elle le voit en mauvaise posture. Duel Hector-Ajax : Hector est blessé mais la tombée de la nuit met fin au combat. Trêve au chant 7, puis du chant 8 à 18 Zeus laisse les soldats combattre seuls, sans intervention des Dieux.
• CHANTS 8 à 18 : puisque Achille a passé un pacte avec Zeus afin que les grecs échouent au combat tant qu'il ne serait pas lui-même de nouveau sur le champ de bataille, les troyens finissent par reprendre le dessus, mêmes si leur victoire est ralentie. Au chant 15, les grecs sont assiégés par les troyens. Une ultime tentative de contre-attaque menée par Patrocle va repousser les troyens, cependant son enthousiasme le fera tuer par Hector. C'est une catastrophe pour les grecs et Achille, fou de rage quant à la mort de son ami, reprend les armes, soutenu par sa mère Thétis (chant 28).
• CHANTS 19 à 24 : dernière bataille ; Zeus autorise de nouveau les Dieux à interférer. Les grecs acculent les troyens vers l'intérieur de la Cité et reprennent la plage. Duel entre Achille et Hector au chant 22, mort d'Hector. Chant 23, funérailles de Patrocle. Le corps mutilé d'Hector est réclamé par son père, Priam, qui s'avoue vaincu.
Le poème se referme sur l'apaisement de la colère d'Achille qui se prend d'empathie pour Priam.
3) L'Iliade, les origines.
La guerre de Troie est incontestablement le thème phare de l'Iliade. Si le récit n'est pas réaliste, beaucoup de commentateurs se sont penché sur la probabilité d'une base historique. Homère n' a pas inventé la Guerre de Troie et ne fait que reprendre une tradition qu'il va renforcer, car c'était déjà un sujet littéraire avant l'Iliade.
On doit à un archéologue allemand un certain nombre de découvertes sur ce point : Heinrich Schliemann (1822-1890) va exhumer les vestiges d'une ville ravagée par un incendie et va l'associer à cette ville mythique qu'est Troie. Ces vestiges dateraient de l'époque Mycénienne et correspondraient à l'époque décrite par Homère. Lors d'une fouille des tombeaux funéraires, l'archéologue va découvrir un masque mortuaire aujourd'hui considéré comme le Masque Mortuaire d'Agamemnon. Convaincus que les faits racontés par Homère sont avérés, il associera donc les vestiges de Hissarlik à ceux de l'antique Troie. C'est un site très ancien, et la ville, sans nul doute très prospère, était entourée de murailles (correspond à la couche la plus récente de Troie, c'est à dire Troie VIIIa).
Dès l'Antiquité, autour du V° siècle av-JC., on se demandait quelle pouvait être l'ampleur de la guerre de Troie, et si Homère n'avait pas magnifié l’événement, qui fût peut-être en réalité bien mineur à cette épopée spectaculaire. Cependant, la guerre de Troie a servi de matière littéraire extrêmement féconde.
On peut trouver deux types de récits :
• premièrement, ceux portant sur la bataille elle-même ou l'un de ses épisodes. L'évocation des victoires grecques telles que celles de l'Iliade était prompte aux récits oraux et écrits, dont il ne nous reste aujourd'hui que des citations ou des fragments. Les Chants Cypriens, écrits par Stasinos de Chypre au VII° siècle, racontent les circonstances du début de la guerre. En dehors de l'Iliade, les textes et traces écrites traitant de cette guerre sont regroupés sous l'étiquette du « Cycle Troyen ».
• un deuxième type de récit est né de ce mythe : les nostoi ( νοστος : le retour), qui parlent du retour des héros de la Guerre (exemple : l'Odyssée).
L'Iliade correspond plutôt au premier type de récit. Seules l'Iliade et l'Odyssée ont connu la renommée. Les deux poèmes datent du IIX°e siècle mais leur stabilisation en tant que textes aurait eu lieu autour du VI° siècle. On pourrait expliquer cette latence du fait que la tradition était principalement orale, transmise par les aèdes et les rhapsodes, des poètes orateurs.
Certaines formules sont récurrentes concernant la description des personnages, comme les noms complétés d'épithètes de nature par exemple (« Achille aux pieds rapides », « Ulysse aux mille visages », « Hector au casque étincelant », etc.). De même, le style formulaire, la façon de procéder pour commencer les phrases ou traiter d'un moment/événement, est redondant. Afin de compléter les vers, des formules « toutes faites » ont été utilisées ; ceci traduit l'évidence d'une matrice orale qui aurait déformé ou perdu certains passages.
Ce n'est qu'au début du VI° siècle av JC que l'on voit apparaître des transcriptions écrites de témoignages de la vie et des écrits d'Homère. C'est à Athènes, durant les grandes fêtes civiles célébrant la fondation de la ville, que le texte va se figer. Il est devenu un classique de l'époque. On suppose qu'il a du varier entre ces deux siècles de transmission orale, cependant le mystère n'est pas tout à fait résolu.
→ Le Chef-d’œuvre d'Homère n'est pas sans fondements et s'appuie sur des témoignages antérieurs attestant de ka réalité de la guerre de Troie. Il y a un passage fondamental de la littérature orale à une fixation écrite à l'époque de Pisistrate (tyran athénien).
4) Le Mythe de L'Iliade
Sa célébrité remonte à l'Antiquité, dès le VI° siècle av JC, vers -150, on peut parler d'une tradition importante dans toute la Grèce. Tout athénien cultivé doit connaître par cœur Homère. A la même époque, Platon dit d'Homère qu'il est l’Éducateur de la Grèce, ce que Socrate reprend avec cynisme.
• Trois thèmes principaux :
a) la place de la guerre
b) la soumission aux Dieux et à la Destinée
c) la conception de l'héroïsme
a) La place de la Guerre
L'affrontement entre cités ennemies ou attaques de rivaux est un miroir de la société antique. Homère donne un point de vue nuancé : les guerriers s'illustrent sur le champ de bataille et s'affirment dans leurs faits d'armes → idéalisation du conflit et mise en avant de héros. Cependant Homère insiste sur le motif futile de cette guerre : l'enlèvement d'Hélène. Certains portraits ne sont pas flatteurs, et même les héros sont montrés sous un jour sombre. Homère insiste d'ailleurs sur la souffrance des femmes et des enfants dans le camp troyen, et n'occulte pas le côté tragique de la Guerre.
→ un versant lumineux et glorieux mais aussi sombre et de perdition dans la sauvagerie. C'est peut-être cette ambiguïté qui a séduit la Grèce Antique, qui connaît bien la Guerre.
b) La soumission aux Dieux et à la Destinée
Les Dieux interviennent à chaque page, auprès des troyens autant que des grecs. On ressent une ingérence constante de la part des Dieux, qui ne sont plus enfermés sur le Mont Olympe mais forment une micro-société qui intervient directement ou non, et ce à tout bout de champs (présages, rêves, dons). Ils vont même jusqu'à se matérialiser aux côtés des hommes durant les combats, changeant le cours des choses ( exemple : matérialisation d'Aphrodite lors du duel d'Achille et Hector) ; Zeus en personne pèse le sort des deux peuples.
→ limitation de la part de libre-arbitre des hommes. Les issues des combats sont souvent décidées ou aidées par les Dieux. Ils changent sans cesse le cours de l'action. Ceci représente le cours incontrôlable du destin. La « moïra » signifie la part de vie ou de malheur dévolue par les Dieux pour les hommes. Cependant, peut-être que les Dieux ne font que connaître la Destinée sans pouvoir l'en changer, et n'auraient qu'une marge d'action limitée.
Cette vision homérique de la Destinée a très fortement influencé la vision hellénique de la vie, qui voient leur destinée régulée par le décret du Destin. L'héroïsme lui-même découlerait de l'acceptation de sa moïra.
c) La conception de l'héroïsme
A travers la figure d'Achille, même s'il n'est pas le seul personnage, on découvre LE héros de l'Iliade. C'est un modèle plus fort que beaucoup de figures mythiques durant l'Antiquité : son amour de la gloire et de l'honneur en font un concentré de valeurs morales, il est un modèle pour tous. C'est le chevalier idéal : né de parents illustres, il est doté des faveurs de Zeus et d'Athéna ; beau, fort, intelligent, il est mue par le souhait d'acquérir une renommée éternelle à travers des faits d'armes glorieux. Sa vocation est de tuer, de briller, mais il sait qu'il mourra jeune car tel est son destin.
C'est l'Iliade qui fait de toutes ces valeurs des valeurs morales importantes, la mort au combat les armes à la main, en connaissance du sacrifice, tant de concepts héroïques qui font d'Achille un personnage éternel et de renom.
→ Cet idéal se transmet de l'Antiquité jusqu'au Moyen Âge et même aux portes di monde moderne. C'est un univers mythique qui a servi de terreau littéraire, avec pour l'essentiel de son influence l'image radieuse de ce héros antique. Achille est considéré comme le point de départ de la conception de l'héroïsme.
5) Le Mythe du héros ou le désir d'être Dieu
Achille est le miroir de l'idéal guerrier. Ce mythe est réactivé par la grandeur d'un autre modèle grec : Alexandre le Grand , un autre avide de conquête et de grandeur, de sacrifice pour le pouvoir et la gloire. Le héros devient originaire d'une part de divin.
Le fondement de la chevalerie médiévale est ce souhait de s'inscrire toujours dans une valeur militaire de renommée, avec une préférence pour une vie courte mais illustre. Cette idée se retrouve encore dans les épopées baroques et victoriennes ; en 1581, un poème épique italien réactive le mythe d'Achille à travers l'image d'un chevalier glorieux combattant pour la Première Croisade, produit d'ingrédients subtilisés à notre héros antique, qu'on retrouve à travers de nombreuses figures d'épopées. A l'inverse, les héros tragiques sont Œdipe et Agamemnon.
A partir du XVIII° siècle, on assiste à un changement de valeurs après la Révolution française. Mutation historico-sociale et des modèles littéraires ; le héros romanesque va remplacer le héros mythique et se fondera sur des valeurs beaucoup moins glorieuses et tendant plus vers le providentiel. L'héroïsme littéraire va changer de visage. Ulysse serait le modèle sous-jacent du héros romanesque, plus encore qu'Achille, c'était d'ailleurs ainsi que le considérait Hegel.
6) Iliade, chant IV (traduction de Leconte de Lisle, 1867) ← cf polycopié
Ce passage suit la brève trêve découlant du duel entre Pâris et Ménélas.
Athéna suggère à un troyen de lancer un javelot sur Ménélas, cependant il ne fait que l'érafler et face à cet affront, le combat reprend. La ruée s'engage.
C'est Diomède, roi d'Argos qui, inspiré et protégé par Athéna, va s'illustrer durant le chant V, VI. Guidé par la fureur divine, Diomède va engendrer une série d'exploits individuels ; c'est l'aristie de Diomède (du grec άριστεία, la "vaillance").
L'Iliade comporte d'autres aristies :
- chant X : aristie d'Hector
- chant XVI : aristie de Patrocle
- chants XX et XXI : aristies d'Achille
Ces aristies comportent en une hyperbole d'héroïsme, ils foncent sur l'ennemi, terrifié, dans toute leur splendeur et leur force, inspirés et aidés par les Dieux.
• TEXTE N°1 :
Le texte s'articule en deux dimensions ; d'abord, une description des troupes silencieuses, évocation des Dieux qui les accompagnent. C'est une vision d'ensemble, d’abord calme, figée, qui va se transformer rapidement en champ de bataille. La vue panoramique va de plus en plus se centrer sur des personnages en particulier, comme un zoom très précis, qui apparaît dans les paragraphes 4, 5 et 6, puis revient au 9° paragraphe.
Cet aller-retour apporte de la variété à la narration mais aussi une certaine intelligibilité du combat. Ces visions alternées empruntent des styles de narration et de modalité de récit différents :
→ beaucoup de termes collectifs ; on essaye de produire un effet de masse. Un procédé rhétorique particulier permet au lecteur de visualiser la scène : grande densité métaphorique (exemples l.1, l.5, l.21, l.36). Usage massif des comparaisons = style homérique utilisant des éléments naturels, des comparaisons animales ; la langue homérique fait en sorte que, dans certains contextes, le comparant donne de la noblesse, de la solennité au combat ( exemple : « Et Simoésis tomba dans la poussière comme un peuplier dont l’écorce est lisse, ... » lignes 24, 25, 26). Un registre épique est employé, aidant à créer une apothéose gigantesque et renversante, tendance au merveilleux propre à l'épopée. Ces comparaisons sont une nécessité pour rendre la scène visible, imaginable et rapprochable du réel. Comparaisons épiques et idéalisatrices mais également dans un effort de visualisation.
→ les scènes plus précises, localisées, dénotent des caractérisation des figures, une succession d'action très brèves. Les soldats ont des rôles de figuration mais leur mort est rendue pathétique du fait qu'il y ait des esquisses, même minimalistes, qui nous permettent de nous figurer quelque peu ces personnages sans nom. La brutalité de la scène est dépeinte de manière assez imaginée, les circonstances de la mort sont précises : caractérisation minimaliste des personnages alimentée par un décor visualisable.
Ligne 50 : le lecteur est directement invité à ressentir, autant pour le camp grec que troyen, de la compassion pour les défunts. Cette phrase marque une pause dans le récit, c'est une sorte de commémoration des morts, mais aussi une trêve à la bataille. A noter que l'Iliade n'est pas une ode à la Guerre.
• Hector, héros de l'Iliade ?
Son humanité et son pacifisme s'opposent au désir belliqueux d'Achille. Il est raisonnable et aimé des siens, tandis qu'Achille inspire plutôt la crainte, c'est un héros solitaire empli de passions et de colère. La mort d'Hector et le destin des troyens a pu susciter la compassion des lecteurs. Homère encourage une lecture subtile du texte ; il n'offre pas une vision glorieuse des grecs dans la guerre de Troie. Hector est dépeint comme un chef valeureux, sympathique, honorable, aimé et respecté. En face de cela, la ruse du cheval de Troie paraît être une perfidie.
La littérature médiévale fait d'ailleurs d'Hector le réel héros de l'Iliade, il incarne le preux chevalier chrétien qui détient les vraies valeurs.
• Un thriller palpitant … ?
Chants 20 à 22 : Achille retourne au combat , duel avec Hector. Au début du chant 22, les troyens se sont repliés à l'intérieur de la Cité, reste seul Hector qui attend Achille afin de le provoquer en duel. Priam et Hécube prient leur fils de se réfugier derrière les murailles de Troie mais dans son honneur, après un monologue avec lui-même, Hector juge que ses troupes comptent sur lui et qu'il se doit de combattre Achille. Cependant il prend peur en voyant s'approcher Achille et s'enfuit en courant autour de la cité. Tandis qu'Achille lui court après, Zeus pèse leur sort, et il est évident qu'Hector va mourir, aussi il envoie Athéna régler le problème. Se matérialisant auprès d'Hector sous la forme d'un de ses compagnons d'arme, Déiphobe, elle lui assure de combattre à ses côtés pour vaincre Achille. Lorsque celui-ci les rattrape, elle s'évapore et Hector n'a d'autre choix que d'affronter le grec. Achille tue Hector et, furieux, l'attacher à son char. Priam, Hécube et Andromaque se lamentent sur le corps mutilé d'Hector.
Ce chant fait écho au deuil de Patrocle, sonnet tragique et pathétique (chant 18). Cet affrontement était attendu dès le début du récit. Au chant 20, Achille aurait pu provoquer Hector en duel mais la masse de soldats les sépare ; Homère repousse le duel au maximum. L'issu du duel ne fait pas de doute, à l'époque d'Homère on sait à qui va la défaite.
Au chant 22, Homère va créer un effet d'attente. La rencontre et le combat lui-même est déjà attendu. L'affrontement en tant que tel est bref, la mise à mort est très sèche et très brutale, c'est presque une exécution, et provoque la compassion envers Hector.
• effet d'attente : à l'intérieur même du chant 22, l'affrontement est reculé au maximum :
- Hector attend Achille
- supplications de Priam et Hécube
- discussion des sorts sur le Mont Olympe
- discussion entre Achille et Hector
- fuite d'Hector
Établissement d'un pathétique autour d'Hector. Il suscite l'empathie car il est obligé de sacrifier sa personne, mais il est tout de même traversé par le doute, la peur. Il est humain et courageux, et le texte souligne sa vulnérabilité. Comparé d'abord à un dragon crachant du feu devant sa grotte, il est ensuite rapproché à un cheval au galop puis à ne biche apeurée qui s'enfuit. Sa mise à mot est encadrée des supplications de ses parents puis sa mort de celles de sa femme et son père.
La grandeur d'Hector fait de lui le vrai héros du chant 20. Dans une morale stoïcienne, il accepte le sacrifice et sa mort est honorable, quoique brutale, ce qui prime chez les grecs. Il y a un rappel du devoir envers la famille qui s'illustre dans les lamentations et les supplications de sa famille.
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